Les promesses remplies d’espérances portant sur l’émergence d’une nouvelle Société empreinte d’humanisme, de modernité, et véhiculées par un optimisme incantatoire concernant la situation économique de la France ont fait feu face à la phase décisive dans laquelle notre économie et notre société viennent d’entrer.

Son issue semble reposer sur les deux objectifs vitaux suivants :

-d’une part, la réduction des déficits publics notamment au travers d’une politique de restrictions budgétaires, et surtout d’une lourde réforme de la fiscalité touchant toutes les typologies de population, allant des grands groupes du Cac 40 et des plus grandes fortunes de France, aux classes moyennes et aux autres catégories d’entreprises telles les PME ou bien encore les ETI ;

-d’autre part, le redressement industriel de la France via la restructuration d’entreprises en difficultés, et l’identification ainsi que le soutien des secteurs d’avenir à forte croissance.

Si l’on considère la réalité des faits, une nouvelle phase de la croissance de l’économie mondiale a vu le jour depuis le début 2012 et sera, soyons-en certains, portée exclusivement par les entreprises pour les deux années à venir.
Cette phase d’expansion très hétérogène selon les régions, reste modérée dans les pays émergents et encore plus aux Etats-Unis.

En Europe, en revanche les flux économiques sont confrontés à des cycles proches d’une forme de récession. Sans vouloir dresser un constat alarmant de la situation économique de la France, il convient d’observer que la compétitivité de nos entreprises s’est sensiblement dégradée depuis 10 ans , que le chômage progresse inexorablement et que la pseudo modernité de notre belle Société post industrielle tient plus à ses innovations techniques et technologiques qu’à une profonde évolution solidaire et responsable des rapports humains .

Toutefois, les décisions sur le point d’être entérinées par les autorités, de nature fiscale en particulier, et dont on peut considérer que certaines sont parfaitement fondées et équitables, ont le tort majeur dans la forme qu’elles prennent, de stigmatiser et de flatter certains sentiments peu honorables, notamment la jalousie et l’envie à l’encontre de nos concitoyens les plus aisés, et d’entretenir le mépris et la suspicion envers l’ensemble des entreprises, et de leurs dirigeants toutes catégories confondues. C’est ici une profonde erreur et c’est très dommageable en particulier pour les jeunes et leurs perspectives d’avenir. Car une fois encore, la sortie de cette crise, qui, nous en sommes tous d’accord, ne pourra s’envisager sans certains sacrifices, ne pourra pas non plus s’effectuer sans un sentiment important d’unité nationale autour de l’importance stratégique que revêtent l’ensemble des entreprises, qui restent les seuls vecteurs créateurs de richesse et d’emplois pour tous.

 

Que les particuliers choisissent l’évasion fiscale c’est une chose. Cela peut paraitre contestable, mais cela les regarde. En revanche, si les entreprises partent, en emmenant le plus souvent leurs emplois et leurs actifs avec elles, je gage que tous les prélèvements du monde auront beau se donner la main, il n’en restera strictement rien une fois qu’ils auront été dépensés, même à bon escient, faute de moteurs, capables seuls de relancer la machine et de renouveler l’énergie nécessaire à la reconstruction de notre modèle économique et social.

 

Il est donc urgent de respecter et de faire respecter les entreprises, et de considérer leurs dirigeants autrement que comme des bandits de grand chemin, prêts à faire main basse sur toutes les formes de profit personnel au détriment du reste de la population. Dans le même esprit, on doit, et cela devrait devenir une cause nationale, donner aux jeunes, dont l’emploi préoccupe tant nos élites, et à raison, le goût d’entreprendre, de la réussite, et des biens matériels que celle-ci peut apporter, surtout lorsque l’on sait que dans la plupart des cas, ceux-ci s’obtiennent au prix d’un travail personnel conséquent, d’un projet collectif créateur d’emplois, et n’en doutons pas, d’une certaine abnégation.

 

Or, de nombreux cadres, et surtout les jeunes, dans les entreprises, demandent à partir de France depuis cet été et l’on voit bien que le déni de la valeur ajoutée des entreprises en tant que corps social, conjugué à la justice fiscale au nom de laquelle se tend actuellement le glaive de l’Etat risquent de trancher définitivement ce lien déjà ténu mais essentiel au maintien d’une forme de cohésion sociale dans l’époque profondément troublée, grave et incertaine que traverse notre pays.

 

Ne nous y trompons pas : si nous voulons redresser la France cela dépendra tout d’abord de la conjoncture économique européenne et mondiale bien-entendu, et surtout de notre capacité à nous confronter ensemble à la donne des autres pays, et en particulier à celle des pays émergents.

 

Le succès des politiques publiques mises en œuvre à l’heure actuelle, sera donc non seulement fonction de l’importance des économies réalisées et du bon usage des prélèvements sur le point d’être décidés, mais elle dépendra majoritairement de la hargne des entrepreneurs et des cadres dirigeants d’entreprises, et de leur motivation à poursuivre le combat quotidien qui est le leur, dans un pays où la totale absence de reconnaissance à leur encontre et leur stigmatisation s’opposent en permanence à la mise en exergue de modèles qui ne prouvent rien si ce n’est la persistance de la France à rester dans le domaine du débat d’idées, sans jamais entamer celui de l’action visionnaire.

 

Et pendant ce temps…  lorsque l’on regarde la progression des placements chinois en France et en Europe, il s’avère que la montée en gamme de leurs investissements est d’autant plus préoccupante qu’elle s’offre de véritables pépites à la technologie innovante …, et qu’elles débauchent nos jeunes qui auraient tort de se priver de l’eldorado qu’elles leurs proposent.

 

Si nous souhaitons un changement de cap en profondeur et salutaire pour la France, c’est dans une autre vision de la société que nous souhaitons transmettre qu’il nous faut le trouver. C’est entre autre en nous alliant aux entreprises, en les aidant à changer certains codes et en nous engageant à leurs côtés que nous y parviendrons. Le choc de compétitivité tant attendu n’est pas qu’une affaire de finances publiques et de redressement, mais aussi d’esprit et de cœur, et il n’y a pas de cosmétique pour cela.