1/ Françoise Savés, vous êtes la Présidente de l’Institut Français des Experts-comptables et des Commissaires aux comptes (IFEC), premier syndicat représentatif de la profession comptable, et vous vous êtes fortement investie, au cours de votre mandature, en faveur du développement de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Pourquoi avez-vous engagé une telle démarche ?

 

Dans la période délicate que nous traversons, les entreprises sont désormais confrontées à des modèles, des attentes et des besoins qui ont fortement évolué, aussi bien en termes de financement, que d’accompagnement, de gestion ou de conseil. Leur situation et celle du pays nécessitent un renforcement du professionnalisme, de la créativité et de l’innovation des experts-comptables.

 

Il en va de même pour la RSE, qui est devenue ces dernières années un enjeu majeur pour notre société, et auquel l’Institut Français des Experts-comptables et des Commissaires aux comptes (IFEC), que je préside, entend prendre activement part. En ce sens, nous avons initié une véritable réflexion sur le rôle de la profession comptable en matière de RSE, concrétisée notamment par la mise en œuvre de colloques dédiés à cette question au cœur du territoire français, ainsi que du grand Congrès des 50 ans de mon syndicat, qui s’est tenu les 5 et 6 juillet derniers, sur le thème : « Mon cabinet, une entreprise responsable. »

 

Cette RSE doit ainsi être appliquée en premier lieu au sein de nos cabinets, afin de pouvoir conseiller au plus juste les entreprises que nous accompagnons, et d’anticiper leurs besoins en la matière. La profession comptable ne doit pas manquer cette opportunité majeure, et doit au contraire devenir force de propositions en la matière.

 

 

2/ Que représente pour vous cette notion de RSE, en perpétuelle évolution ?

 

La RSE constitue, pour toute organisation, la nécessité d’assumer son impact sur son environnement entendu au sens large, c’est-à-dire prenant en compte l’ensemble des parties prenantes. Cette responsabilité nécessite pour tous les acteurs de se fixer des objectifs d’amélioration perpétuelle, ce que j’appelle plus sommairement « faire plus et mieux avec moins. »

 

En réalité, l’enjeu majeur porté par la RSE est celui d’un nouveau modèle de développement, à réinventer ensemble.

 

 

3/ Les entreprises craignent souvent de mettre en œuvre de véritables stratégies de RSE en raison de leur coût supposé. Dès lors, la RSE peut-elle être rentable ?

 

La première des responsabilités d’un chef d’entreprise, c’est d’être rentable. Et il ne peut l’être que s’il s’assure de la viabilité et de ses activités sur le long terme. Ce que beaucoup de ces chefs d’entreprises ignorent, c’est que d’une démarche économique de réduction des coûts peut également naître une logique de RSE, afin d’apprendre à consommer plus intelligemment et de manière plus responsable.

 

Au-delà de ces considérations, il faut savoir que l’évaluation de l’impact réel de stratégies de RSE devient possible, sur la base de critères extra-financiers bien définis (turn-over dans les entreprises, taux d’absentéisme,…), autant de facteurs qui permettent de constater l’impact social et environnemental d’une entreprise. A cet égard, l’IFEC travaille actuellement, en partenariat avec le Groupe Generali, à la mise en œuvre d’indicateurs de performance en matière de RSE, afin de mieux valoriser les actifs immatériels des entreprises, qui peuvent désormais faire l’objet de reporting. A ce titre, je me félicite de l’annonce de Monsieur le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, à l’occasion de la conférence environnementale du 14 septembre dernier, concernant la modification du décret relatif au reporting RSE des entreprises et la mise en place d’une véritable politique incitative de RSE dans les PME.

 

Enfin, je pense qu’aujourd’hui les entreprises ne peuvent plus négliger la RSE, dans la mesure où elle provient aussi de demandes légitimes des consommateurs, qui attendent d’une entreprise qu’elle leur fournisse des biens ou des services respectueux de valeurs éthiques et responsables auxquelles ils souscrivent.

 

 

4/ En ces temps de crise, la RSE peut-elle contribuer au nécessaire rebond de notre économie ?

 

Les chefs d’entreprises sont aujourd’hui inquiets quant à la pérennité de leurs entreprises. Dans ce climat difficile, la RSE peut et doit contribuer à insuffler une véritable dynamique de succès dans les entreprises. En effet, je suis persuadée que la performance économique n’est possible que si elle est adossée à une véritable performance sociale, environnementale et sociétale.

 

En ce sens, la reprise économique ne sera rendue possible que si l’ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux réfléchissent ensemble à de nouvelles pratiques, et de nouveaux cadres susceptibles de bouleverser les structures actuelles de notre société, alors que la crise a souligné le besoin de nouveaux modèles de développement.

 

 

5/ Quelle est votre vision du rôle de la profession comptable, que vous représentez, dans l’accompagnement des chefs d’entreprises vers de nouveaux modèles de développement responsables ?

 

La nouvelle période qui s’ouvre doit permettre à la profession comptable de prouver que son niveau de maturité et d’évolution est tel qu’elle peut dépasser son simple rôle d’assistance et de coordination technique et financière, pour endosser un rôle plus stratégique et un accompagnement plus impliqué auprès des entreprises et de leurs dirigeants.

 

Les experts-comptables sont également désormais susceptibles d’apporter une vision moderne et anticipatrice pour permettre aux entreprises d’envisager de nouvelles perspectives, à travers leur connaissance des marchés et des filières d’avenir. Aussi, face à l’hétérogénéité de leur clientèle et à l’élargissement de ses besoins, le positionnement de la profession est amené à évoluer, conduisant le métier de l’expertise comptable vers un modèle plus stratégique et plus innovant pour les entreprises, jouant ainsi un véritable rôle d’interface avec l’ensemble des acteurs de l’économie.

 

Cette profession a tous les atouts pour participer activement au sursaut social et sociétal rendu indispensable par la gravité de la situation économique actuelle. Notre rôle dans l’économie,  dans la compétitivité des entreprises et dans la cohésion sociale est essentiel. C’est la raison pour laquelle j’ai pour la profession un projet d’avenir rassembleur, moderne, solide, porté par une vision claire de notre rôle et de notre différence.

 

Dans cette optique, je vous invite à consulter le Livre Blanc RSE porté par l’IFEC et Alan Fustec, Directeur général de l’Agence LUCIE, intitulé : « La Responsabilité Sociale d’Entreprise est source de richesse et de performance pour les PME. »

http://www.ifec.fr/